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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 08:11

2672-3d-coeur-sourire

 

The Place Beyond the Pines : photo Eva Mendes, Ryan Gosling

 

Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du «globe de la mort». Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’État de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils… Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d’un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s’élever rapidement dans sa hiérarchie gangrenée par la corruption. Quinze ans plus tard, le fils de Luke et celui d’Avery se retrouvent face à face, hantés par un passé mystérieux dont ils sont loin de tout savoir…

 

 

Après le Django de Tarantino voici le deuxième vrai coup de coeur de l'année, véritable coup de poing aussi, une tragédie réaliste, style tragédie antique en trois actes, au souffle épique certes,  mais qui échappe heureusement à un lyrisme trop voyant ou à un mélodrame trop attendu, et qui en demeure pas moins humaine et poignante,  mêlée à un thriller émotionnel,  3 parties qui se rejoignent et se complètent, à travers le destin de leurs personnages, réunis par la fatalité et un évènement dramatique qui va bouleverser leurs vies et celles de leurs descendants, un scénario simple, étonamment fluide, très classique même,  mais magnifié par une mise en scène sublime, lumineuse et sombre en même temps, une mise en scène qui prend son temps pour nous envoûter, grâce à une vibrante atmosphère teintée de mélancolie et une exploration sublime des visages (qui souffent, qui pleurent, qui doutent) et des corps (comme le personnage de Ryan Gosling filmé de dos au début du film), personnages dessinés avec une intense et fascinante profondeur, mise en scène  aussi efficace et puissante, haletante dans ses scènes d'action ou de poursuite.

Ici, malgré son apparente lenteur, le réalisateur réussit à nous envelopper avec ses images splendides, extérieurs en décors réels,  qui sont habillées d'une bande-son envoûtante, apportant un rythme qui reste le même pendant tout le film et auquel on s'accroche avec passion.

Et puis il y a la présence époustouflante des acteurs, tous envoûtants, habités par leur rôle: Ryan Gosling, qui habille toute la première partie, mais dont l'ombre du personnage planera sur tout le reste du film, est à nouveau d'une intense mais belle sobriété, un charisme électrique et magnétique, en bad boy à la gueule d'ange, apparemment froid mais qui révèle une vraie âme et une vraie fragilité, désirant refaire sa vie avec sa paternité découverte,  bouleversant aussi comme dans la scène de l'église où il fond en larmes, Bradley Cooper lui est celui qui étonne le plus, trouvant ici un premier vrai rôle dramatique, en flic incorruptible rongé par le remords, complexe et doutant sans cesse, torturé, l'acteur est  touchant et lui aussi bouleversant comme dans la scène de la forêt, Eva Mendes est magnifique en femme à la fois forte et fragile, déchirée, plus Ray Liotta et son regard incroyable, en flic corrompu, ou le moins connu Ben Mendelsohn, en complice un peu étrange, sans oublier, dans le rôle du fils 15 ans plus tard,  le déjà remarqué Dane DeHaan (Chonicle, Des hommes sans loi...), jeune comédien assurément surdoué et magnétique, à nouveau dans un personnage d'ado perturbé et fragile qu'il incarne avec fièvre et douleur.

A travers les thèmes de la filiation, de la transmission familiale et du difficile héritage paternel, de la culpabilité, de la conséquence de ses comportements, du sens de l'honneur, de vengeance et de pardon, on pense au cinéma de James Gray, mais surtout on s'aperçoit qu'on est devant un fabuleux cinéaste, Derek Cianfrance.

Un drame bouleversant et intense hanté par un désespoir mélancolique et habillé d'une élégante beauté formelle, un film sur les destins croisés de pères et de leurs fils, sombre et assez désespéré mais qui laisse entrevoir une lueur d'espoir vers la fin avec avec cette ouverture sur l'horizon et la liberté,  une tragédie humaine magnifiée par un sens du romanesque qui vous prend les tripes et vous fascine.Déchirant et sublime.

 

2672-3d-coeur-sourireMA NOTE: 16/20


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