L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.
Adapter le roman éponyme de Boris Vian sur grand écran pouvait sembler ardu, Jeunet y avait pensé (sans doute celà lui aurait mieux convenu), c'est finalement le talentueux Michel Gondry qui s'y est courageusement confronté.
Le réalisateur y apporte son sens de l'inventivité, son amour du bricolage poétique, sa loufoquerie et sa science du rêve, traitée ici avec mélancolie et une tristesse insondable surtout dans la deuxième partie, de plus en plus sombre et crépusculaire, et par ailleurs moins réussie.
A l'image du pianocktail, la première partie fourmille de gadgets et de créativité formelle, développant avec un plaisir communicatif un imaginaire teinté de folie surréaliste et mêlé à une réalité où les personnages semblent flotter, en suspension, comme dans un rêve, pourtant l'ensemble déçoit par son manque d'émotion et sa narration plus visuelle que profondément humaine, ce qui finit par lasser, malgré le fait que le réalisateur ait la bonne idée de ne pas surcharger son film d'effets spéciaux numériques mais plutôt mécaniques , y apportant plus de poésie de par son côté bric à brac, ce qui est à la fois une qualité pour son côté amateur sympa mais aussi un défaut pour certaines scènes où çà ne fonctionne pas du tout.
Dommage alors que la forme noie constamment le fonds, le déluge d'effets visuels emportant toute émotion et tout le récit humain, un film malade donc qui nous envoie des éclats de beauté et d'originalité mais qui pêche aussi par ses personnages mal exploités, personnages auxquels on ne s'attache jamais, pour lesquels on n'arrive pas à éprouver de l'empathie, et que les acteurs pourtant talentueux n'arrivent pas à faire exister sufisamment, comme si l'image les supplantait.Dommage car Audrey Tautou et Romain Duris ont ce côté poétique et lunaire en eux.
Malgré ses louables intentions, sa loufoquerie poétique et son sens de la création, son humour absurde, Gondry nous offre un Ovni cinématographique assez déroutant et ne convaint pas vraiment avec son adaptation qui ne manque pas de beauté parfois mais qui manque cruellement de grâce pour faire fonctionner son sens de la poésie, mais sans doute était-ce mission impossible!
MA NOTE: 11/20