À 40 ans, Mélina est la voix la plus célèbre de France. Animatrice à la radio, la nuit à l’antenne elle résout les problèmes affectifs et sexuels des auditeurs avec impertinence, humour et
sans tabou. Tout le monde connaît sa voix, mais personne ne connaît son visage.
Dans la vie, elle évite tout contact et vit comme une vieille fille dans les beaux quartiers. Partie à la recherche d’une mère qu’elle n’a jamais connue, elle découvre que celle-ci vit au
sein d’une famille nombreuse, en banlieue. Elle décide de s'approcher d'elle, incognito....
Premier long-métrage du réalisateur Pierre Pinaud, vu en avant-première à l'UGC des Halles, en présence d'une grande partie de l'équipe du film, cette jolie histoire navigue entre drame
et comédie, portrait d'une femme en mal plus qu'en recherche d'amour, qui masque sa solitude et sa peur d'affronter les autres en les écoutant, par le biais d'une émission de radio, où elle
intervient en confidente, alors que dans sa propre vie elle est à la recherche de son identité et de sa position en tant que femme, vieille fille refusant souvent tout contact
extérieur.
Jusqu'au jour où, découvrant l'identité de sa mère qui l'a abandonnée, rencontrant peu à peu aussi sa famille, elle tente de s'apprivoiser au regard et au contact des autres.
Si le film n'évite pas les raccourcis et une certaine facilité parfois, il a le grand atout de délivrer à petites doses beaucoup de pudeur et de tendresse, cassant parfois aussi la gravité annoncée du propos par un humour souvent loufoque ou cruel et réactif, comme dans la scène de l'hopital où elle ordonne à sa mère, encore affaiblie, de lui dire qu'elle l'aime, dans un déchainement de violence qui surprend finalement et apporte un coté jouissif bienvenu, évitant aussi tout effet mélo en le désamorcant, à l'image de cette magnifique fin, confession d'une auditrice avec juste en gros plan le visage de l'actrice, bouleversant sans en etre larmoyant, juste tout en intimité et en délicatesse!
Karin Viard, belle et lumineuse, porte tout le film sur ses solides épaules d'immense comédienne, de plus elle est filmée amoureusement par le cinéaste, comme une blonde hitchcockienne (son magnifique chignon fait penser à Kim Novak), la comédienne irradie et nous éblouit de son talent, avec émotion, avec gravité, avec sincérité.
Elle apporte beaucoup de sensibilté à ce role sur mesure de femme perdue, assumant son statut de grande comédienne populaire, sincère, touchante et humaine jusqu'au bout des... gants qu'elle ne quitte jamais.Certainement la plus grande dans le cinéma français actuel et les César ne l'oublieront sans doute pas encore cette année pour Polisse.
Saluons aussi à ses cotés un Nicolas Duvauchelle toujours mieux de film en film, ici en amoureux impossible et improbable, et la regrettée Nadia Barentin (décédée peu après le tournage) en mère de banlieue au caractère bien trempé, aussi très émouvante.
Un beau petit film, comédie de moeurs qui malgré ses défauts et son coté un peu lisse est finalement prometteuse pour ce nouveau metteur en scène, l'occasion surtout de passer 1h30 en
compagnie d' une actrice majuscule du cinéma français.
MA NOTE:
14/20